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07/07/2014

Ressac

d'ici

je ne vois pas les azurs lointains la mer la Patagonie la quête de l'Être les blagues foireuses de la transcendance le bout du stylo le bout du monde connu avec son feu d'artifice final les pales du ventilateur le corps d'à côté son aspect minéral tellement il fait chaud l'absolution de ton haleine pourvu que je me décide à faire ces dix pas

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je ne vois pas les marbrures de la plage les pas les paravents les parasols les chansons qui s'y écrivent des heures avant l'arrivée des touristes les oiseaux les coquillages et leur vérité pure pourriture pour qui sait assez fermer sa gueule le vent les falaises et leur air de premier de la classe à toujours tout savoir sur la fin de tout

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je ne vois qu'une table

 

04/07/2014

C'est quand même moi qui parlerai pendant la cérémonie (et tout le monde chialera)

... et je ne t'ai pas dit que si j'avais filé c'est parce que j'avais peur que ta scoumoune devienne contagieuse.

Maintenant, tout le monde recommence à mourir, les femmes et les enfants d'abord pour bien montrer que l'ordre des choses c'est de la merde, les filles chialent, les mecs s'allument des cigarettes et regardent ailleurs des fois qu'ils y auraient l'air plus malins, la paperasse s'amasse dans un coin prête à leur exploser à la gueule, je pousse un soupir de soulagement.

J'aimerais bien te dire que je me sens coupable, mais le seul sentiment que j'arrive à raccrocher quand je pense à toi, à tes galères et à comment tu as si bien réussi à les rendre pires qu'elles n'étaient, c'est d'être encore vivant. Et d'aimer ça.

Ce n'est pas un sentiment du cœur, c'est un sentiment des dents. C'est comme ça. Je ne suis pas sadique, j'ai le vertige. Et toi, mon vieux, tu te l'es creusée sacrément profond.

Si un jour tu remontes, il faudra que tu te rendes compte que je n'exagérais pas.

Cette ville porte malheur. Et il y est bon, le malheur, pas cher du mètre carré, doux aux lombaires que c'en est presque la forme ultime du bonheur, comme on dit par ici.

Et c'est dangereux pour la poésie. C'est toujours moins de raisons de mettre un réveil à six heures du mat et d'aller au clavier, voilà ce que je trouve à dire d'intelligent un jour comme aujourd'hui.

Je le savais. J'aurais pu te le dire. Mais le malheur t'allait si bien.

Comme quand on avait quinze ans, qu'on pensait que c'était l'attitude la plus classe du monde, qu'on apprenait la guitare rien que pour trouver un débouché à nos plus belles éjaculations, et que l'amour de l'art venait de guerre lasse.

 

 

01/07/2014

Un baquet plein de poèmes

Si on me foutait dans une boîte avec tous mes poèmes, là tout de suite, qu'on clouait ça, qu'on jetait une pelletée de terre dessus et qu'on allait boire un coup, qu'est-ce qu'il en resterait ?

Un baquet de poèmes ? Une boîte à poème ? Un corps avec un témoignage de milliers d'instants parfaitement immangeables pour des vers qui ne savent pas lire ? Un reader's digest pour anges qui s'emmerdent ? Un sachet fraîcheur pour nécrophiles pointilleux ?

Est-ce que ça s'enflammerait aux feux follets ? Est-ce que ça matelasserait la Terre ? Est-ce que ça tiendrait chaud ? Est-ce que ça ferait de la musique ? Est-ce que ça ferait danser les macchabées décharnés ? Est-ce que ça produirait des gaz à faire rougir les cuisses des jeunes filles qui passent en minijupe devant le cimetière ? Est-ce que ça ferait tout éclater au premier pet d'asticot ?

Est-ce que ça tempèrerait l'impression de gâchis qui grignote jour et nuit le Grand Machin Universel Infiniment Balèze et Infiniment Bon depuis qu'il a commencé sa dépression ?

Il y a des jours où il ne faut pas trop réfléchir pour se mettre à bosser...