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10/09/2013

Sieste

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le plus bizarre dans ce rêve

n'est pas le fait que tu me forçais à bouffer de la chair humaine

ni le fait

que malgré la vue sur les chiens policiers

tu ne cessais de répéter

que tout allait pour le mieux

pas de problème que tu disais

le type était un clandestin 

pas de famille

au pire on pourra toujours dire que c'était un programme du ministère de l'intégration

moi 

je ne voyais pas trop comment tu envisageais de t'en sortir

ni ce que foutait ce mec à gueule de rock star avec tes organes génitaux

 

la décharge donnait sur un étang à moitié desséché 

et nous

(nous trois plus la tête et le tronc du cadavre)

étions au-dessus du vide

à huit ou dix mètres de hauteur

sur un des trois piliers en béton armé

seuls restes d'un pont qui avait un jour mené quelque part

(et la question de savoir comment on y était montés
n'était pas la plus flippante à ce moment précis)
 

en bas des déchets organiques des bouteilles huileuses du plastique un reste de mayonnaise un bras de mannequin en cire le reste de la caisse du chat et les manuels de sexologie planqués derrière le rayon philo  TOUT DANS LA MÊME POUBELLE À CIEL OUVERT


le plus bizarre était que

les flics qui fourrageaient dedans n'avaient pas l'air dégoûté 

aucun d'eux ne portaient de gants

ils faisaient même un signe de tête au passage

et toi

toujours avec le même oeil allumé :

c'est le moment de vivre une vraie aventure marin d'eau douce

non

c'est le moment où j'aurais aimé m'intéresser aux piafs

et à la couleur du crépuscule

comme les bon vieux poètes de ce temps-là

qu'est-ce qui m'a pris nom de dieu

de m'intéresser aux questions sociales

 

et ensuite

tes soupirs les glapissements de la rock star sont montés d'un cran

et ensuite

rien

 

...mais le fait que je me sois réveillé et que ce que je vois depuis soit la réalité 

je continue de trouver ça un peu suspect...


09/09/2013

Tardieu, Nuel, la poésie, le public, tout ça...

L'ami Jean-Jacques Nuel vient de mettre en lien sur son blog une interview de Jean Tardieu par Christian Cottet-Emard très intéressante à plein de titres. Tardieu y parle de la diffusion de la poésie et du malentendu qui freine sa réception.

Si vous avez l'occasion de cliquer sur ce lien, mettez les enceintes à fond, le son est pourri, mais c'est l'occasion de rappeler quelques évidences : tant qu'il y aura des moments d'ennui au boulot à zoner sur internet, des profs de français un peu dynamiques, des troupes associatives en ayant marre du macramé en silence, des bidouilleurs de voix sur Garage Band et des anars nostalgiques, la poésie ira, d'une façon ou d'une autre, vers son public, si modeste soit-il par les temps qui courent.

Les moyens de diffusion de la poésie, sonore, filmée, en recueils, en plaquettes, en flyers, en MP3, en O et en 1, en chair et en noise, n'ont jamais été aussi nombreux et aussi exploités. Même si ça ne passe pas forcément par les structures éditoriales classiques.

Il y a encore une idée reçue ridicule de la part de nombreuses grosses maisons d'éditions (à part un peu P.O.L.) (dites devant moi que P.O.L. est une petite maison d'édition, que je rigole), selon laquelle on ne pourrait pas se faire de pognon avec des poèmes. Tant pis pour le caviar et les talk-shows, on fera avec ce qu'on a en attendant.

Mais je suis quasiment certain que cette petite superstition corporatiste, d'ordre beaucoup moins littéraire que marketing, finira par leur passer.


PS : A propos de glandouillage sur internet, François-Xavier Farine a eu la gentillesse de poster un petit texte de moi sur son POEBZINE.


07/09/2013

Humeur du jour et un peu de pub

mon poème tarde à se montrer ce matin

a dû traîner en route

a dû couper son réveil

à l'heure qu'il est 

s'étire sûrement dans des remugles de mauvais vin


[...]


viens par ici

fais voir tes fesses que je te colle mes huissiers

ah mais

on a un contrat tous les deux

je t'extirpe de ton néant amniotique

et toi

tu me permets de vivre un jour de plus


[...]


si ça se précise

ma journée deviendra le sosie

d'une zone commerciale

en bordure d'autoroute

 

 

Poème extrait de Mon Vrai boulot, éditions du Pédalo ivre.