29/11/2012
Premier texte théorique
Pour être sérieux deux minutes :
Ce que tu veux, ce n'est pas des droits de l'homme. C'est des cow-boys. Et des marins, et des génocides, et des bombes atomiques et des pirates et des médailles militaires.
Je te comprends. Moi aussi.
Ce qu'on aime, c'est le nucléaire, les OGM, les naufrages de boat-people, les teintureries industrielles, et l'Inde, et la Chine. Se faire exploiter, aussi.
Un monde bien gras, double fromage et supplément bacon, jusqu'à la nausée.
Moi, d'ailleurs, la poésie, c'est venu du fast-food.
Tu connais le fast-food ?
C'est un monde merveilleux. Tout est rationalisé, prévu, minuté, millimétré. Tout, sauf la fatigue.
Tu as des cors aux pieds ? Pédicure.
Tu as mal au dos ? Ostéopathe.
Tu t'es brûlé ? Vaseline. Pensements. Et tout un tas de trucs en tube et en tulle.
Tout ça d'accord.
Oui mais.
Tu es fatigué aussi.
Des fois, c'est à te taper la tête contre des convoyeurs de fonds.
Et contre ça ?
Contre ça, rien.
Rien, sauf le matin. Vingt minutes. Vingt minutes et un stylo. Et un carnet.
Le carnet n'est pas tout-à-fait innocent d'un point de vue macroéconomique : tu notes tes horaires de boulot dessus.
Mais il suffira pour l'instant.
17:56 Publié dans Bouts de peau | Tags : fast-food, nucléaire, cow-boys | Lien permanent | Commentaires (0)
28/11/2012
Génétique
La poésie,
ce sont des hommes et des femmes qui cherchent.
Une forme.
La génétique d'une espèce qui n'existe pas encore.
Qui ressemble à l'homme, mais avec quelque chose en plus.
Un lest dans le babil.
La poésie,
ce sont des bébés mal langés qui cherchent.
Une forme.
Une forme pour faire advenir Papamaman,
Mais Papamaman en vrai.
Une forme pour faire advenir Biberoncouche,
Mais Biberoncouche en peau de présence réelle.
La poésie,
ce sont des hommes et des femmes qui cherchent
une raison.
Une vraie raison d'en chier debout,
Une forme pour un mal de dos.
Nous sommes d'une génération magnifique
faite de dos courbés et de cous en forme de points d'interrogation
Et si
nous avançons tête baissée,
Ce n'est pas par manque de dignité.
C'est pour voir si,
Par hasard,
Il n'y aurait pas par terre un ticket de métro non validé.
08:18 Publié dans Bouts de peau | Tags : poésie, génétique, forme, scoliose, métro, génération | Lien permanent | Commentaires (0)
26/11/2012
Moi & ma lorgnette
Moi
je n'ai qu'un petit bout
un petit bout
à ma lorgnette
un tout petit bout
un rien du tout
mais on y ressent
tout le mou
du tout au tout,
du trou au trou.
ZAPPE
toujours les mêmes images
sourires
on dirait que ce monde n'a que du dentifrice à vendre
assurances dentifrice
banques dentifrice
abonnement internet dentifrice
voiture dentifrice
corde dentifrice
urne dentifrice
trois places de cinéma au prix de quatre
des billets privilèges pour nos magasins-partenaires
des chéquiers-cadeaux à distribuer à vos proches
chut
les effrayez pas
le bouchon bouge
nous cherchons à mieux vous connaître
merci de consacrer quelques minutes au questionnaire
...
Majorité de A : vous allez mourir un jour.
Majorité de B : vous allez mourir un jour.
Majorité de C : vous allez mourir un jour et il ne tient qu'à vous qu'une belle Ford suréquipée
ait existé dans l'intervalle
...
le salaud d'assisté qui s'est pendu hier soir par flemme & parce qu'il n'y a rien à la télé
revient chercher un papier
vie & mort
en quelques chiffres
Levé aux aurores pousser la porte à l'heure d'ouverture
s'apercevoir qu'on n'est pas le seul
Prendre un ticket
Faire la queue
Si votre demande concerne une douleur dans le dos ou un point dans le poumon
si vous trouvez que cette vie
n'a pas été à la hauteur côté lombaires
consultez notre fichier sur les maladies mentales
Si votre demande concerne un problème de bonheur merci de rester en ligne
BONHEUR est notre produit le plus vendu
un de nos coachs va vous répondre
Pour tout autre
problème de conscience
prenez votre mal
et patience
le budget du comité d'entreprise ne peut couvrir le salut pour cette année
est-ce que/vous
faites à emporter ?
...
Rien à ajouter ? Non. À retrancher.
Le cou. Cervelle répandue. Viscères dévissés. Nettoyez-moi tout ça.
Services d'hygiène. Services de la voirie. Grandes eaux. Cœur, foie, poumons.
& leur description au 1/1 000 000 ème (chercher au cadastre).
Blason de la Ville : gigantesque intestin vrillé (MANQUE d'ARGENT sur FOND de GUEULE ouverte) et les manifestants en font des tours & des tours & rétrécissent d'autant/
n'empêche qu'ils crient :
poésie YES fleurs des champs NOT/
se débarrasser de la bave & des croûtes & des couches de mots de trop de trop de trop publicitaires de bourdonnements pas assez/
intempestifs/pas
parler pas bouger pas se croire dans le désert/pas
se croire entomologiste/pas se croire décapant/ mais décapeur
/décapeur
peut-être, comme mon petit-cousin Bernard (Dieu ait sa moelle) qui jusqu'aux dernières extrémités de la préretraite
a refusé de croire/que c'est la hernie qui gagnerait/
RIEN À AJOUTER ?/
Non. Mais à enlever.
Enlever la rouille à tout ce qui nous fait tant dérouiller.
S'éclaircir la gorge.
Sculpter à son propre foie,
(toujours le foie)
des fois qu'il resterait des morceaux autour
dignes de foi
pour les vautours.
19:07 Publié dans Bouts de peau | Tags : lorgnette, poésie, questionnaire, file d'attente, résurrection, salut | Lien permanent | Commentaires (0)