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17/11/2023

Elrod montre ses tripes

Elrod montre ses tripes.
 
Elrod est un individu de type nord-américain qui commença sa vie comme on la finit dans une comédie romantique : le héros roule confiant vers l’avenir, avec lui santé bonheur être aimé réussite aux examens, lorsqu’au volant de sa Ford Mustang il se prend les grosses lettres du générique de fin –
 
son lobe frontal s’écrase alors contre sa boîte crânienne, le toit de sa voiture lui fend le crâne sectionne un oreille énuclée un œil. Un bras fracturé, coude en miettes, nerf radial sectionné, bassin en trois morceaux le fémur en deux.
 
Dans la comédie romantique le générique finirait sur un écran noir les spectateurs s’étonneraient que la salle ne se rallume pas – les plus perspicaces s’étonneraient même de ne pas avoir lu la mention selon laquelle aucun animal n’a été blessé pendant le tournage, c’est normal car Elrod est dans le coma, sa respiration a cessé son coeur ne bat plus.
 
Presque mort quitté par l’être aimé cerveau en bouillie, pas sûr de remarcher, Elrod prend alors la responsabilité de revenir à la vie. Finit 6ème meilleur vendeur sur 60 000 chez Cutco, une grosse boîte qui vend des couteaux, raconte son histoire dans les lycées, passe directeur commercial bat les records annuels. Envisage de devenir coach en développement personnel mais c’est trop tôt : lors de la conférence annuelle de Cutco il réalise qu’il n’a jamais été dans le top 2 des vendeurs et n’a donc jamais reçu la récompense suprême des vendeurs qui est une Rolex. Alors il y retourne, se jure de sortir de son royaume de médiocrité terriblement confortable, de doubler son chiffre de vente et d’écrire un livre sur son expérience.
 
Il commence à vendre ses services de coach. Retrouve l’amour. C’est magnifique : on va pouvoir déguster un second générique de fin sortir du ciné aller se coucher –
quand soudain la crise de 2008. Coup de grâce. Elrod s’effondre. Il accumule les dettes, sombre dans la dépression. Jusqu’au jour où un ami le convainc d’aller courir.
 
Ce sera le moment crucial de sa vie car c’est pendant ces foulées de la dernière chance (écoutant au casque un livre audio de développement personnel) qu’Elrod a l’illumination : il lui faut une méthode. Une méthode inédite. Une méthode qui lui permettrait de reprendre sa vie en main ne pas grossir les rangs de loosers du rêve américain qui retournent chez leurs parents ruminer en peignoir leur défaite – une méthode qui lui permettrait de se réenrichir.
 
Cette méthode consistera – qui y aurait pensé – à se lever une heure plus tôt. Conserver cette avance sur l’étourdissante course des choses. Mais pas se lever pour se gratter les parties – pas se lever pour travailler. Ou alors. Se travailler SOI.

 

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