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05/12/2019

Jean-Claude requiem IX

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Je ne vis pas seul avec ce manque.

On l’a déjà dit : au sous-sol vit une étrange population

Etonnamment masculine et dotée de chaussures de sécurité.

Je dis : Serge. David (qui s’appelle en réalité Gilbert et est le seul agent d’entretien que je connaisse à passer la serpillière fringué comme s’il allait au mariage de sa fille). Roland. Roland. Audrey. Guy. Marie-France. Marie-Jo. Nasser. Yohann. Mon ex-binôme et les gars de l’amiante, qui ne sont pas de chez nous et dont je ne connais pas les noms.

Une autre méthode serait de leur demander à eux comment ils font, avec ce vide de Jean-Claude.

Nous pourrions nous tenir tous par la main et scander ensemble ce qui deviendrait le Livre des Morts lyonnais –

mais ce n’est pas ma méthode.

La fuite du 4eétage a été réparée.

Des agentes de service noires ont épongé.

Un peu d’amiante a été retirée des étages 7 et 8 du silo

On a installé des tapis adhérents anti-poussière entre les couloirs du personnel et les salles publiques.

Au 4eles gars de l’événementiel ont monté une expo photo de l’artiste en résidence

Je ne sais plus comment elle s’appelle

Mais les clichés me plaisent beaucoup :

Le sujet de l’expo est les travaux du silo justement

De larges prises de vues d’armatures de fer, de cloisons éclatées, de tas.

Tas de trucs

tas de matériaux.

Restés quarante ans dans une logique une imbrication parfaites.

Et soudain en quelques minutes et quelques coups de masse

devenus indéchiffrables.

Archéologiques.

Abstraits.

Les couleurs vont de rouille à poussière en passant par orange et vert sombres –

Orange et vert des sombres années 70, année de conception du bâtiment.

Pas d’hommes pas de femmes.

Mais des formes. Des perspectives. Des lignes.

 

Je pense à Jean-Baptiste, tueur à gages.

Un contrat a été honoré.

Quelque part, quelque part.

D’une certaine façon, d’une certaine façon.

Mais quoi qu’on en dise dans les dessins animés en images de synthèse

Les fourmis existent collectivement, avant tout.

La vie reprend son cours, toujours.

 

 

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