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05/11/2014

Pause (petite précision)

Cher Nosconsolations.blogspot.fr,

 

Je fais une petite pause pour revenir sur le commentaire que tu as eu la gentillesse de me poster il y a quelques jours, quand je faisais allusion à mon opus définitif sur la connerie qui devrait sortir courant 2015 dans une des maison d'édition les plus dynamiques en ce qui concerne la poésie contemporaine.

"Il y a du boulot", dis-tu. "Je pense qu'en la matière, Bénabar a plus que son mot à dire."

Il faut que ce soit clair : quand je parle de connerie, il ne s'agit pas de stigmatiser celle des autres. J'ai deux principes, dans la vie :

1) ma connerie à moi me suffit largement comme objet d'étude ;

2) il ne s'agit pas de stigmatiser quoi que ce soit.

Je ne pense pas que la connerie soit une affaire à prendre de haut. Ce serait trop facile. Ce serait trop néfaste.

Il ne faut pas oublier une chose : même si ça cuit un peu le matin (après une nuit passée à refaire le monde avec elle et une bouteille de vodka), ma connerie est ma force agissante.

Beaucoup de gens pensent que notre monde crève de sa connerie. Moi, je pense que le monde crève d'intelligence.

Regarde autour de toi : les experts en marketing sont intelligents, les spin doctors sont intelligents, les directeurs des ressources humaines sont intelligents, les urbanistes sont intelligents, les patrons de bars sont intelligents, les conseillers principaux d'éducation sont intelligents, etc. Le moindre clodo qui essaye de te taxer un euro peut t'en remontrer sur la géopolitique mondiale.

Dans ces conditions, comment veux-tu que je fasse autre chose que d'admirer tant d'intelligence, de fermer ma gueule et de passer mon chemin ?

Je n'ai pas cette capacité à me mettre en surplomb et à apprendre la vie aux masses vulgaires. C'est une question de caractère, ou c'est un coup du complexe d'Œdipe, je ne sais pas. En tout cas, chaque fois que je me suis laissé aller à me sentir supérieur à quelqu'un, voire à éprouver un peu de haine un peu de mépris, je me suis fait l'effet d'être la connerie même. La risée des sphères.

C'est assez pitoyable, mais un jour, j'ai compris une chose : pour peu que je la considère, que je lui reconnaisse un minimum de dignité humaine, ma connerie n'est pas nécessairement mon ennemie. D'une manière générale, la connerie, c'est comme la névrose : plus tu la nies plus elle prend le pouvoir. Mais aime ta connerie, et tu te sentiras léger.

Pour en revenir à Bénabar, je suis convaincu au contraire que ce mec est plus intelligent que moi, et c'en est même triste, il doit se rendre compte qu'il est en train de se bâtir une carrière alors qu'il était bien parti pour faire une œuvre. Pour le coup, je préfère être à ma place qu'à la sienne.

Tout ça dit sans chichis, je n'ai aucune pudeur à montrer mes manques et mes limites. C'est même de là que part toute ma poésie.

C'est pourquoi les quelques critiques qui ont vu de l'ironie ou du cynisme dans mon premier recueil, Mon Vrai boulot, ont fait un contresens. Peut-être parce que, intelligents qu'ils sont, ils aimeraient bien que je sois comme eux. C'est une délicate attention, mais, comme tu vois, je m'en passe très bien.

(D'une manière générale, les gens intelligents aiment bien qu'on soit comme eux et qu'on pense comme eux. Moi, je m'en passe très bien.)

Voilà pour cette question, mon cher Nosconsolations. Je vais reprendre ma Débénabarisation de quotidien, toujours selon ma méthode préférée, qui est de prendre n'importe quelle connerie qui me passera par la tête et de la pétrir, chaque jour, de cinq à sept heures du matin, pour lui tirer son jus.


Et à bientôt j'espère.

 

GD

 

PS : Je suis allé sur ton blog et j'ai vu des choses très intéressantes, intelligentes, sensibles. J'aurais préféré m'adresser à un vrai être humain avec nom et prénom, mais je ne vais pas râler vues les jolies choses que tu dis sur Reggiani.

 

Commentaires

De l'intelligence de la connerie à la connerie de l'intelligence, il y a toute l'humanité.

bah... c'est juste magnifique ce que tu dis.

:-)

Écrit par : lidia | 05/11/2014

Cher Grégoire, j'aime beaucoup ce que tu écris. Ce que tu précises. Je passe mon temps à accepter ma connerie, à en rire aussi. Mais parfois, je l'avoue, elle est un peu encombrante. Je ne m'amuse de celle de certains, que parce qu'elle est plus facile à voir, et parce que je sais que je suis au moins comme eux. Quant aux autres... Et c'est pour cela justement que j'ai hâte de lire ce que tu en fais. J'ai cherché Mon vrai boulot ici, sur Paris, rien à faire, il ne repose sur aucune étagère d'aucune librairie. Et le site de ton éditeur l'annonce en cours de réimpression. je me contente alors de fouiller ici où j'ai atterri grâce à l'indispensable Jérôme Leroy. Bien à toi

Écrit par : nosconsolations | 05/11/2014

Cher Nosconsolations, ce que tu dis me va droit au coeur, c'est grâce à des choses comme ça qu'on arrive à continuer malgré tout, c'est mieux que si Gallimard m'appelait pour éditer mes oeuvres complètes, vu que se gagner un vrai lecteur c'est mieux que se noyer dans des rentrées littéraires. Merci donc. En ce qui concerne Mon Vrai boulot, il est effectivement épuisé. Mais en attendant mon opuscule sur la connerie (je garde le titre pour moi pour l'instant), tu pourras éventuellement te consoler avec D'origine, qui sort en décembre au Pédalo ivre.
Et en ce qui me concerne je continuerai à lire ton blog.
Bien à toi itou.

Écrit par : Grégoire | 06/11/2014

Merci Grégoire, c'est plus que parfait ! J'attends donc décembre pour une fois avec impatience, pour D'origine et mon déménagement...

Écrit par : nosconsolations | 06/11/2014

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