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21/10/2015

Septheuresdumat

7H du mat et c'est l'instant où l'immeuble d'en face fait ses sémaphores.

Troisième étage, fenêtre du milieu : trois coups brefs.

Deuxième, fenêtre de gauche : trente secondes de néon à vif, puis noir.

Rez-de-chaussée, troisième fenêtre en partant de la droite : lumière, noir, lumière, noir, toutes les trois secondes.

Il est 7 heures du mat. C'est l'heure où on peut voir de loin des formes humaines reprendre forme humaine. Du moins les deviner. Imaginer le sexe, l'âge et la carrure. Mais même à cette distance on peut voir la fatigue.

C'est quelque chose d'onctueux, la fatigue, à cette distance et à cette heure. Quelque chose d'à la fois atterrant et rassurant. De nonchalant. De presque brésilien dans le dandinement.

Et c'est pour moi. Rien que pour moi.

Une cigarette, un bruit de freins au loin, la camionnette des éboueurs et les formes humaines : je suis le poète de service, je fais le malin, j'appelle ça ma petite solitude.

C'est très exagéré. C'est tout simplement de l'attention aux choses.

Aux choses comme le fait que je suis seul, que cette heure de solitude est chargée d'oxygène, que tout est là mais que les autres dorment encore. Que j'ai autant besoin d'avoir froid, de de tousser.

Mais j'ai besoin aussi que les autres aient chaud, qu'ils soient là et qu'il ne se doutent de rien.

 

7H15.

Je balance mon mégot par la fenêtre. Il tournoie il rougeoie. C'était l'instant ou jamais. Le soleil se lève. Cinq minutes plus tard on n'aurait rien vu.