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11/10/2013

Seedy

 

Seedy, portoricains, salsa, maïs grillé, craps, the vulture, le vautour, gil Scot-Heron


Tu m'as rien dit, Seedy. Tu aurais dû le faire. Je n'ai pas cru à ton cirque. Te faire passer comme ça pour le super-caïd, un peu veule, un peu sournois, prêt à laisser tes femmes et tes enfants partir en préférant ton business de poudre...

Je sais que ce n'était pas pareil, alors — ça se passait entre les pages du bouquin que j'avais sur les genoux, mais ce n'est pas une raison — les Portoricains sont connus pour leur sens de la famille, ou non ?

Un peu veule, un peu sournois, un peu bête aussi. Du genre à te faire buter trop facilement. 

Tu sais, je n'y ai jamais cru. 

Tous les autres avaient un coeur. Tous les choses avaient quelque chose à perdre, en-dehors du fric et de la face — et tous les autres avaient une raison de haïr quelqu'un. Mais alors de haïr vraiment — c'est-à-dire passionnément, avec attention, le contraire du mépris.

Tu me diras que tout ça c'est des mots. Que forcément, tu étais le seul Portoricain, que c'était un roman de Négros. Mais Seedy, la lâcheté, la veulerie, la bêtise, l'appât du gain, ce sont des mots aussi. Et je ne peux pas te réduire à ça, ni à la salsa qui filtre de toute les portes de votre quartier, à la tombée du jour. Ni aux parties de craps ni au maïs grillé. 

Il y a forcément quelque chose qui résiste. Qui ne peut se réduire aux mots, à la salsa, ni au maïs grillé. 

C'est la douleur. 

Et la capacité de chacun à se sentir comme une petite merde dans un monde où TOUS LES AUTRES ont compris quelque chose mais on ne sait pas quoi.

C'est peut-être la définition de la sainteté. Ou de la dernière abjection avant l'animalité. Ou des samedis soir de déprime, tout simplement.

Alors, non, je ne t'ai pas cru, Seedy.


Texte inspiré par la lecture du roman de Gil Scot-Heron, The Vulture, 1970.