23/02/2017
Gratos IX
j'ai l'air de rire -
je regarde
là où c'est de la vie
je prends des notes
j'ai l'excitation de la nouveauté
la géopolitique des rapports d'équipe
la conscience des coulisses
mais ne croyez pas que je
m'amuse.
Il y a là des visages
des culs
émaciés ou aplatis
émaciés comme mon binôme
aplatis dans le saindoux des tableaux Exel
comme la responsable RH.
Et moi au milieu.
À me demander ce que je suis en train de
devenir.
Émaciée ou aplatie la vie est plate et sans imagination.
Je me suis toujours fait fort d'être
moi poète
dans la même merde que tout le monde.
Là réside ma légitimité.
Alors je me la pète,
je roule des mécaniques,
j'amène mon parcours zarbi,
je fais rire binômes et secrétaires.
Mais des fois je fatigue.
Où est mon boulot ? Où est ma vie ?
À partir de quand tout ça cesse d'être une expérience littéraire
et devient la vraie merde, celle de tous les autres ?
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Mon binôme a entendu quelque part que j'écrivais de la poésie.
Depuis il craint ma prise de note dans le camion
comme je crains moi sa tendance à doubler à contresens dans la voie de bus sans aucune visibilité.
Entre nous, c'est donnant-donnant.
07:00 Publié dans Bouts de peau, Gratos | Tags : binôme, fatigue, ma légitimité | Lien permanent | Commentaires (0)