03/07/2018
Tentative de poème du 3 juillet
sinon le principal : en tout parent d'élève sommeille un fasciste, dit-il.
"Maintenant il conduisait, cette valise sur le siège arrière, dangereusement près de Marcia. Comme un putain de jeune père fou de joie qui fait des aller-retours entre l'hôpital et la maison parce qu'on a toujours oublié quelque chose." (p.233)
- Les travaux sur la Grande rue de la Guillotière étaient là avant nous, fils. Ils seront là après nous.
- Comme les fougères ? Comme les volcans ?
- Comme les fougères. Comme les volcans.
Lui, c'est un artiste. Il a la chemise qui ne transpire pas et il est encore beau. Là il cause et c'est le gars le plus charmant du monde mais dans une heure Uber, puis ce soir il sera dans un train entre Nantes et Brive-la-Gaillarde, puis ce soir il sera dans un train entre Mande et Caen, puis ce soir il sera dans un train entre La Roque d'Anthéron et Clermont-ferrand, il a trois soir le même soir eh oui c'est un artiste, d'ailleurs sa vie c'est tout le temps du soir.
"La vibration de la carlingue s'arrêta soudain, les portes claquèrent, un mélange d'odeurs de feuilles et d'humus envahit Mathieu." (p.90)
Et sinon ? Et sinon en ce moment j'apprends le rap. Avec un professeur agréé.
"Coté piste, les pilotes, dont certains s'inquiétaient du manque d'opportunités de déplacements, ont été "plaisamment surpris", à l'instar de Daniel Ricciardo, qui s'est livré à un beau duel pour la 3è place avec Kimi Räikkönen." ("Le Progrès", 26 juin 2018)
Je la comprends pas mais je la trouve bien bonne, dit-il.
Des mecs qui défouraillent comme ça un soir de fête patronale y en a plein les régions. Des types qui concrétisent au fusil de chasse des décennies de projets inaboutis, d'huissiers, de timbres fiscaux, d'agent de recouvrement John Deere, d'accusés de réception, de juges des familles, de couchers de soleil qu'on regarde en mâchonnant du papier jaune dans l'odeur du soufre qu'ils viennent d'épandre plus bas, des femmes qui étouffent les enfants, comme ça, un jour où les cuivres étaient faits, en chantonnant, des Indiens qui empruntent une caisse et qui carambolent le barrage de la gendarmerie tout le poids sur le pied droit, des cocus multirécidivés qui mettent leur casquette de chasse et vont faire un doublé dans un hôtel deux étoiles, y en a tous les jours, c'est imprimé, c'est à la page 23 après la Bourse et les mots croisés, je vois pas ce que vous y trouvez d'extraordinaire.
"Le capétan Michel lui désigna un tabouret bas, en face de lui." (Nikos Kazantzakis)
Tu as compris : c'est la campagne. Ou pas tout à fait la campagne. Disons que c'est cinq mille ploucs cernés par les vergers et les prés à chèvres. Sans histoire et sans spécialités culinaires. Leur vie : leur bagnole. Des vrais mecs : une main pour le barbecue, une pour le rosé. Maintenant ils travaillent à l'agence Axa, ils vendent des piscines à la sortie de l'autoroute. J'aimerais faire un western, j'ai dit. Remets-nous un jaune, Samantha. À part ça ça va, le petit a eu la rubéole, la grande s'est fait une élongation la la gym. Le nouveau canapé est arrivé.
"Il jetait des coups d'oeil à des thuyas ridicules qui crevaient de soif, se demandait s'il ne faudrait pas aiguiser la lame, désirait une bière fraîche, sentait ses couilles mollement balloter dans le régulier cahotement de la machine." (Aurélien Delsaux)
Une tuile n'arrive jamais seule : il paraît qu'ils vont abaisser l'âge maximum pour s'engager dans la Légion étrangère.
(Non Philippe. Si Nana Mouskouri avait été ta mère, tu n'aurais pas eu de mère. Nana Mouskouri aurait été surtout en tournée.)
Et après le western, on est d'accord, la biographie d'un bluesman de l'Auvergne profonde. Je sais où me rancarder. J'ai déjà prévu les cubis.
JE VAIS CHANGER LA FACE DU GLAMOUR À TOUT JAMAIS !!!!
"Dès quinze heures, le programme s'enchaînait : les gosses de l'école Jules Nadi déguisés en arbres et en renards pour des révérences à un parterre de caméscopes sur du Camille Saint-Saëns. Démonstration du club d'aïkido et de krav maga, chorale de chants traditionnels et révolutionnaires des retraités, spectacle de jonglage du club de cirque, pot de lancement, présentation des associations ayant leur siège à la MJC et du comité des fêtes, présidé par Caro. Puis, l'heure où Malocques sentaient l'anis." (p.199)
Malocques, c'est la ville. Les passages en italiques suivis d'un numéro de page c'est le Gros Truc en Prose, dit-il. Le Travail En Cours. Pour le reste, on va se détendre, on va profiter, on va boire un coup, à un moment il faut faire confiance aux services de la mairie.
10:27 Publié dans Bouts de peau, Gros Truc en Prose (GTP), Gueules de bois | Tags : malocques, delsaux, kazantzakis, provinciales | Lien permanent | Commentaires (0)