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15/01/2017

La postérité, papa

Dans les photos de nous deux

dans les photos de nous deux lui et moi sur son fond d'écran à elle

dans les photos de nous deux chez le Tos ou chez le Chinetoque ou sur le fronton de la plage d'Hendaye je vois

déjà son effort pour se construire des souvenirs de moi

longtemps après la merde

longtemps après la rancœur et l'ulcère et le pardon

se demandant ce qui a bien pu déconner.

Ce n'est pas de ma faute.

C'est une impulsion électrique qui manque

entre les récepteurs synaptique

ou une carence hormonale ou que sais-je encore

ou la saison.

Lui, il en a aucune idée.

Lui, hier ce matin ou Staline ou le précepteur casse-couilles du petit Alexandre, c'est pareil.

Alors demain ?

Alors les boutons et les capotes et le jour où il se rendra compte

que ce qu'on lui a vendu dans le tiède et dans le pelucheux

c'était pas des conneries, mais, enfin

enfin on sait bien - saison des merdes, tout ça...

Alors je fermerai ma gueule, une bonne foi pour toutes.

Je le regarde, je bloque ma respiration.

J'ouvre une page Hautetfort. Mais j'entends sa petite voix -

et là, c'est encore lui qui a raison :

C'est dégoûtant, la postérité, papa.