19/06/2014
Le clavier ou le médecin
ça fait des semaines
que je n'ai pas écrit
quoi que ce soit qui ressemble à de la poésie
ça fait des semaines
que j'ai cessé d'être poète
pour redevenir
un peu tout le reste
& surtout le n'importe quoi
on dit un citoyen un contribuable un bénéficiaire de la sécurité sociale
un fils à papa un père de famille un amant un travailleur précaire
un fumeur modéré quoiqu'il y a des jours
un barbu un mec pas alcoolique mais ayant quand même un rapport quelque peu
un bouffeur d'huile d'olive souffrant de troubles du sommeil avec prédisposition génétique pour l'hypercholestérolémie
un lecteur bordélique un ancien bègue qui parle trop un piéton négligent quant aux feux de signalisation
mais poète non
pas le temps
pas la disponibilité d'esprit
s'agit plus de vivre
s'agit de trouver
la bonne pathologie
la bonne sociologie
la bonne posologie
on ne te laissera pas vivre sans définition mec
09:06 Publié dans fins de séries, Gueules de bois | Tags : époque, fin de série, poésie | Lien permanent | Commentaires (1)
14/12/2012
Eboueur
je ne citerai pas de noms
mais c'était une époque extraordinaire
le bonheur était vendu en sachets dans les stations-services
et la langue se débitait au kilooctet
on pouvait s'en procurer à n'importe quelle heure
la mâcher autant qu'on voulait
la digérer
et la renvoyer par la fibre optique prévue à cet effet
à l'époque
j'aimais bien travailler
dans un abattoir
puis dans une usine agroalimentaire
puis dans un fast-food
je ne voyais plus des hommes et des femmes
mais des tubes digestifs parlants
à ceux qui me plaisaient je mettais
double-mayonnaise et triple bacon
ma façon à moi de dire je vous aime
j'aurais aimé être aussi éboueur
mais ça ne s'est jamais fait
14:24 Publié dans Bouts de peau | Tags : éboueurs, époque, bonheur, industrie agroalimentaire | Lien permanent | Commentaires (0)