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01/07/2016

Lettre à un jeune poète - pour Pauline Catherinot

Quand soudain Pauline Catherinot, qui quand elle écrit pas de poèmes s'entend plutôt bien à pervertir la jeunesse, me demande ce que j'aurais à dire à un jeune poète pour l'aiguiller dans la lente course aux honneurs qui est notre quotidien.

Moi, je veux bien.

Mais attention, j'annonce d'avance que la plupart des réponses que j'ai à donner à cette question auraient fait frissonner d'horreur le jeune poète que je fus, cette fin du XXè siècle où Pascal Obispo régnait sur les ondes

Mais c'est Pauline.

C'est ma pote.

Et je l'admire beaucoup.

Et c'est pour la jeunesse.

Alors, je m'y colle, et ça finit sur le très beau site de Pauline, Encéphalogramme du spectateur, qui est une revue poly-disciplinaire à soi tout seul.

Merci à elle, et bravo pour son choix de photo, qui résume exactement ce que je pensais quand j'estois un jeune poète, justement.

(voir plus haut)

 

27/06/2016

CSP

 

bon admettons-le

t'es un bourgeois

bourgeois tu fus et bourgeois resteras

je ne suis pas armé juste un aérosol mais

bourgeois — voyons les choses en face rien n'annule les odeurs

même après la neige, même après la crasse et même après la guerre

nous puons fleuri mais nous puons

même matin tête dans le cul — fleuris

comme qui dirait lilas dans l'ammoniaque

on fait ce qu'on peut avec le printemps qu'on a mais

on fait ce qu'il faut en assemblée générale et quand un million de personnes disent : pue et quand un million de personnes disent : fleuri

il y a réel il y a ratification

hier soir nous mandâmes la maréchaussée dans le seul but de sortir du boulot

le type faisait rien d'autre

rien que me faire monter une berceuse aux lèvres

même pas pissé plus bas que ses cuisses

pour vous dire à quel point la clochardisation même devient politiquement correcte

tout va bien

et les enfants

et le tofu mais papa vaut-il mieux mourir

d'un cancer du poumon ou d'un cancer de la prostate?

bourgeois

(être)

les foies

(avoir)

s'en vont main dans la main sur les chemins de la vie

crevons dans la bouche d'un autre

et soyons heureux

je dis pas que je crois pour de bon qu'il y a un dieu dans mon tableau Excel

je dis qu'il a la dalle

(les aveugle comprendront

quant aux sourds

ils peuvent toujours envoyer un CV l'adresse est sur le site)

dépressif prends ta couette et me donne ton trou noir

vois ce que tu peux faire

là où ton corps gazeux avale toute matière

baise pas

dors pas

à ce niveau-là tout devient très-abstrait presque cumulonimbus

on y voit ce qu'on veut

un éléphant

une girafe

un ballon de foot

une ambassade sud-américaine

mais : bourgeois

tu peux tenir des propos sur la taxe-pâte à cul

rien que le fait de dire : prolétaire

c'est du dernier bourgeois

nous marchons

et me voilà bien avancé

bien sûr je suis content que le péril soit un peu nous pour une fois mais

le prolétaire dit : voiture

dit : canapé dit : karting le week-end

y en a un qui a sa bouteille en boîte le samedi c'est lui

t'as des complexes il sont du XXè siècle

fais du fric merde

fais : bourgeois

mange : bourgeois

vis entre toi

au moins on te respectera

 

 

20/06/2016

Couché 21h, avec un bon bouquin

C'est l'insomnie bête et brutale. C'est l'insomnie sale. C'est l'insomnie grumeleuse et sans tamis.

C'est l'insomnie à carreaux multiples, à façades polychromes, à ampoules jaunes, à séjours froissées sans nul nu à la lune donné.

C'est l'insomnie où personne ne baise. C'est l'insomnie où personne ne tue. C'est l'insomnie du roc sans chèvrefeuille, du chantier sans pelleteuse du lendemain sans lendemain.

C'est l'insomnie sournoise bien que non-inutile, celle qui le fait exprès, sans excuse et pas d'enfance malheureuse, l'insomnie de l'agression de l'ordinateur et de la recherche des conjonctions.

L'insomnie du ventre.

L'insomnie mayonnaise.

L'insomnie plante-verte et sodomie, sécheresse et massacre en somalie.

L'insomnie du noir et de la faille de sécurité. L'insomnie du pays des respirations régulières. De la dérive des continents. Du rôti de port. Du gruyère râpé. Des premières chaleurs.

Du ver.

 

23:38 Publié dans Gueules de bois | Tags : insomnie, merde | Lien permanent | Commentaires (0)