10/06/2015
Pour une débénabarisation du quotidien (227-237)
Nouvelle manche du Roland-Garros scripturaire avec Emanuel Campo. Service, jeu et set précédent ici. Ugh.
227) Faut que ça bouge. Faut que ça passe. Tes fils, le mien, nos femmes, toi moi, Kim Jong-un. Vecteurs et lieux passagers.
228) À quoi bon essayer d'accrocher au passage des livres, des phrases entendu, une image de minijupe. À quoi bon essayer le par cœur. Il y aura toujours plus de matière à l'entrée et à la sortie.
229) Maintenant on bricole dans l'abstrait, dans le cosmogonique. Tout là-haut tout là-haut il y a les sphaignes, les lichens et les enfants. Sur les trottoirs, nous qui essayons de nous souvenirs de comment c'était. Ayant perdu le sens du pur gonflage-dégonflage, quelque part, il y a quelques années, dans un accès d'hormones.
230) Il n'est pas tellement question que ça soit triste, ou qu'on en ressente une douleur physique. C'est notre sens du ridicule qui est en cause. Un jour on se rendra compte que nous portons des costumes et que nous employons des mots de grandes personnes. Comme ça, pour le jeu, pour voir si les autres y croient.
231) Évidemment que les autres y croient. Les autres sont comme nous dans leurs costumes dans leurs mots dans la conspiration internationale des gens qui font comme si. Ce à quoi ça tient s'appelle : la foi. Pour les récalcitrants il y a : l'asile psychiatrique.
232) Nos bras sont devenus flemmards et puis nous ne voulons plus rien toucher à cause des bactéries. Aussi, pour nos transvasements quotidiens nous avons inventé le métro.
233) La culture sauvage aime le métro. Surtout avoir sa place assise à elle toute seule ou tenir la barre. Et puis faire semblant de se faire chier comme tout le monde. Pour l'instant c'est la santé mentale : il y a jeu et conscience du jeu. Mais elle est sur la mauvaise pente.
234) Et moi je dis : C'est bien, c'est bien mon chéri.
235) Il y a une contradiction gênante à élever des gosses. On passe sa vie à dire C'est bien, c'est pas bien en parlant de choses qui n'ont rien à voir avec la morale. On inculque, on transvase. On a passé l'adolescence à tout remettre en question, on sait à présent ce qui est vraiment important et ce qui ne tient que de convenances arbitraires, mais voilà, mais voilà. C'est notre enfant. On n'a aucune envie que les autres se mettent à lui jeter des pierres.
236) D'un paquet d'atomes à un paquet d'atomes il y a transvasement d'amour. Qui ajoutera quelque chose de censé à cette constatation gagnera un médaille en chocolat.
237) (Un jour, je prendrai tous les présents de vérité générale du monde, et les miens en premier. Je les mettrai dans un grand sac. Et je prendrai un bateau. Oui. Un jour. Un bateau.)
07:06 Publié dans Pour une débénabarisation du quotidien | Tags : débénabarisation du quotidien, manu campo, transvasement, métro, morale de voyage | Lien permanent | Commentaires (1)
22/04/2015
Trouvons déjà un livre
torcher un cul
écrire un poème
torcher un cul
écrire un poème
torcher un cul
écrire un poème
manger
écrire un hymne pour un pays qui n'existe pas encore
le sommeil était une mauvaise habitude qui rend sourd
trouvons déjà un livre
où installer la journée
ce matin
ça fait près de quarante minutes que je suis ce qu'on appelle un poète
entre les voix trop connues à la radio qui veulent nous forcer à la liberté sous peine de peines avec sursis
entre les pales du ventilateur et les rames de métro
incident voyageur
tu retrouveras mon cadavre au bas d'une vieille liste de courses
s'agit pas de se la péter mon amour
s'agit de survivre
06:42 Publié dans fins de séries | Tags : couches, poèmes, métro, liste de course, survivre | Lien permanent | Commentaires (0)
05/05/2013
La Réincarnation de Piazzola
il a dans les vingt ans
et joue de l'accordéon dans le métro D
entre les stations Sans-Souci et Bellecour
toujours le même air
un dégueulis mélangeant deux mesures de Besame mucho
trois de Porche te vas avec un subtil saupoudrage de Brucia la terra
pourquoi ces trois-là je ne sais pas
mais tous les roms du quartier ont le même répertoire
- ne vous offusquez pas ils ne vendent pas de la musique
mais de la bonne conscience -
trois airs
pour des dizaines de gamins de 13 à 20 ans
mais parmi eux un seul
quand la rame arrive à quai
aime à tripoter ses boutons sans paraître y porter attention
improvisations sur modes orientaux
soli express d'une minute chrono
avec ruptures de rythme et renversements d'accords
de quoi avoir les cheveux plaqués en arrière
pour la vie
pourquoi
n'avons-nous le droit d'avoir du talent
qu'en-dehors des heures de boulot
22:25 Publié dans Bouts de peau | Tags : accordéon, métro, rom, bonne conscience | Lien permanent | Commentaires (0)