10/04/2018
Nouveau roman Fast Food en librairie le 12 avril !
Mon nouveau roman, Fast-food, paraît ce jeudi aux éditions Buchet-Chastel, collection Qui Vive.
Derrière les comptoirs de Meecoy, les équipiers vivent au rythme des départs, des arrivées, des disparitions et des micro-révolutions.
Greg astique la friteuse, nourrit le toaster, fait des pauses-clope et observe ses contemporains. Flanqué de Jack le parano, Ed la grande gueule, Croquette le clown et Graf le petit con tatoué, il réussirait presque à déjouer les ruses du nouveau management. Jusqu’à ce que celui-ci dévoile toute sa risible cruauté.
Alors, le grand capital pourrait-il s’abolir dans un happening ? Ou faut-il avoir recours aux deux seules armes qui ont fait leurs preuves : l’humour et la poésie ?
Un roman tendre comme un steak, tranchant comme un sabre de samouraï.
« D’ailleurs on finira par disparaître. Le progrès est en marche. […] Un jour, ils inventeront la restauration rapide sans équipier. Le client arrivera devant un écran, il appuiera sur des touches, la machinerie se mettra en route, et en deux minutes il aura son menu avec supplément mayo. On est la dernière génération. C’est le moment ou jamais de s’amuser un peu. »
Disponible dès le 12 avril dans toutes les bonnes librairies.
16:56 Publié dans Livre, Publications | Tags : fast food, roman, buchet chastel, qui vive | Lien permanent | Commentaires (2)
05/09/2013
Raise the kitchen
j'ai jamais fait ça
et ce sera sûrement la dernière fois
mais je vais être ouvertement politique pour la journée
le jeudi 29 août 2013
les employés de fast-food américains se sont foutus en grève
Seattle Detroit New York etc
60 villes en tout
60 villes
qui ne s'essuieront plus les doigts dans des papiers gras de la même façon
60 villes
où le taux de mortalité lié aux maladie cardiovasculaires
risque de chuter de force
voilà ce que réclament les crève-la-dalle du gras :
hausse des salaires
amélioration des conditions de travail
droit de se syndiquer
en réponse à ces revendications
la direction de Mcdonald's US
a généreusement mis sur son site
un pdf gratuit donnant des conseils de gestion
pour les budgets réduits
moi je dis que c'est de l'art
continuez les gars
allez-y à fond
ce n'est pas à vous que je vais apprendre
comment griller frire vaporiser tailler ou recongeler votre directeur régional
voire le garnir le toaster le mélanger le conditionner et le servir
avec maxi frites pour un dollar de plus
sans que personne ne remarque quelque changement de goût que ce soit
bien sûr vous finirez par vous faire baiser
on va vous foutre aux poubelles on va vous créer des erreurs de caisse on va vous pousser à la démission
et ceux qui auront pas décanillé rapide le gouvernement va leur promettre une bourse d'études contre une petite décennie à fracasser du Syrien
et l'affaire sera classée
mais aujourd'hui
je suis vachement fier d'avoir été un de vos collègues
09:56 Publié dans Gueules de bois | Tags : grève, fast food, strike poverty, droit à se syndiquer, augmentation des salaires, cynisme | Lien permanent | Commentaires (0)
20/07/2013
Les restaurants M... M... vous souhaitent une bonne et heureuse canicule !
Je suis calé contre la table à garniture de la centrale et je regarde le conduit d'aération au-dessus de moi. Il est à peine 13 heures 42 et il n'y a absolument rien d'autre à faire en cuisine. Jack est déjà parti recharger les stocks, à une heure pareille, quelle misère. Il ne s'encombre même pas d'une pile de panières et de petites roulettes, il remonte les viandes et les sachets de frites à la main, il prend son temps.
Moi aussi : pour la première fois depuis trois semaines, je vis seul dans mon corps, sans l'excroissance craintive que Suma m'avait greffée en gage de confiance. C'est beau comme le recouvrement des cinq doigts de la main droite après l'ablation d'un plâtre. Le ronronnement de la climatisation a commencé son ascension saisonnière. C'est chaque année la même chose. La température augmente, les circuits surchauffent. Le bruit s'amplifie d'autant. Un jour on sort du boulot, on allume sa cigarette, et on a des sifflements plein les oreilles. Et le lendemain, on l'entend. On n'entend même plus que ça en cuisine, il est impossible de se concentrer sur autre chose que ce grondement, on fait répéter quatre fois sa commande à la prod, et tout le monde a les nerfs à vif jusqu'à ce que la clim pète pour l'été.
C'est aujourd'hui que ça va se produire, je le sens. Je ne lâche pas le conduit des yeux. Je ne sais plus ce que font les autres, mais je sais ce qu'ils feront dans cinq minutes.
Et ça ne rate pas. Un claquement résonne, suivi d'un bruit de baudruche qui se dégonfle. Ils sont accueillis par des cris de joie.
Je suis très fier de moi.
Voix de Fabrice par-dessus mon épaule gauche :
—L'été est en avance, cette année.
—C'est pas l'été. C'est moi.
Fabrice hésite. Il regarde Ed, du côté frites, qui hoche lentement la tête avec un grand sourire. On a l'air sérieux, tous les deux.
—Il faudrait vous reposer un peu, les gars.
Extrait de Fast-food, Work in progress
(NB : Cette page et ses 179 petites soeurs cherchent un éditeur. Hésitez pas.)
15:21 Publié dans Gueules de bois | Tags : fast food, work in progress, arrivée de l'été, canicule | Lien permanent | Commentaires (0)