25/10/2015
Une pensée pour Hirschman
c'est en racontant à un pote l'autre jour
comment Jack Hirschman m'avait dit
combien Patti Smith est prétentieuse/superficielle
que j'ai compris le vrai problème de la poésie contemporaine
les gens vous disent :
"Oh non ! Patti Smith est une connasse !"
au lieu de dire :
"Putain ! Tu as parlé à Jack Hirschman ! "
22:08 Publié dans fins de séries, Gros matos | Tags : jack hirschman, patti smith, le vrai problème de la poésie contemporaine | Lien permanent | Commentaires (0)
21/10/2015
Septheuresdumat
7H du mat et c'est l'instant où l'immeuble d'en face fait ses sémaphores.
Troisième étage, fenêtre du milieu : trois coups brefs.
Deuxième, fenêtre de gauche : trente secondes de néon à vif, puis noir.
Rez-de-chaussée, troisième fenêtre en partant de la droite : lumière, noir, lumière, noir, toutes les trois secondes.
Il est 7 heures du mat. C'est l'heure où on peut voir de loin des formes humaines reprendre forme humaine. Du moins les deviner. Imaginer le sexe, l'âge et la carrure. Mais même à cette distance on peut voir la fatigue.
C'est quelque chose d'onctueux, la fatigue, à cette distance et à cette heure. Quelque chose d'à la fois atterrant et rassurant. De nonchalant. De presque brésilien dans le dandinement.
Et c'est pour moi. Rien que pour moi.
Une cigarette, un bruit de freins au loin, la camionnette des éboueurs et les formes humaines : je suis le poète de service, je fais le malin, j'appelle ça ma petite solitude.
C'est très exagéré. C'est tout simplement de l'attention aux choses.
Aux choses comme le fait que je suis seul, que cette heure de solitude est chargée d'oxygène, que tout est là mais que les autres dorment encore. Que j'ai autant besoin d'avoir froid, de de tousser.
Mais j'ai besoin aussi que les autres aient chaud, qu'ils soient là et qu'il ne se doutent de rien.
7H15.
Je balance mon mégot par la fenêtre. Il tournoie il rougeoie. C'était l'instant ou jamais. Le soleil se lève. Cinq minutes plus tard on n'aurait rien vu.
12:41 Publié dans Bouts de peau | Tags : sept heures du matin, solitude, fumer sa clope, se lever tôt, pas crever tout de suite | Lien permanent | Commentaires (1)
18/10/2015
Pendez les accordéonistes !
cher accordéoniste qui joues le dimanche aux heures de marché sur la place Saint-Louis
je t'emmerde
je te balance toutes les malédictions qu'a pu inventer mon arrière-grand-mère
je fabrique une poupée à ton effigie et je la larde d'impayés du Trésor Public
ça ne suffit pas que tu donnes à cette place un aspect encore plus bobo que d'habitude
(appelle-moi bobo : je fais le marché une fois de temps en temps
ça me permet de fumer ma clope en faisant mes courses)
il faut aussi que tu nous ramènes Tiersen
Tiersen c'est − avec Manu Chao −
l'enfoiré qui a ruiné mes quinze ans
qui a fait de la fin des années 90 et du début des années 2000
une période invivable
mais tu vois
c'était aussi mes quinze ans
alors quand tu ressors tes BO de bluettes montmartroises en toc
c'est le dégel
c'est comme si tu me retournais la peau pour la faire sécher de l'intérieur
cher accordéoniste qui joues le dimanche aux heures de marché sur la place Saint-Louis
pour ton information
j'ai déjà horreur de la nostalgie
mais s'il y a une chose dont j'ai encore plus horreur
c'est qu'on me la confisque
ma nostalgie
qu'on me la sorte du ventre et qu'on la fasse puer à la face de tous les passants
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devant les gosses en plus
22:23 Publié dans Gueules de bois, Musique | Tags : accordéon, bobo, amélie poulain, malédiction-minute, tiersen, manu chao | Lien permanent | Commentaires (0)