07/03/2013
Auto da fé
personne ne le sut à l'époque
mais quand la bombe a explosé à la correspondance des métros A et D
ce qui fit partir le feu et le mua en magma brûlant
prêt à consommer
pour appel d'air boulimique
fut
outre quelques titres de presse gratuite distribuée à la station
une masse de papier grosse de plusieurs mètres cubes
constituée d'éditions brochées de
Marc Levy Guillaume Musso E.L. James Françoise Bourdin Jeanne Bourin Alexandre Jardin Anna Gavalda Philippe Grimbert Michael Connely Harlan Coben Jean d'Ormesson Erik Orsenna David Foenkinos Grégoire Delacourt Olivier Adam
Florian Zeller Amanda Sthers Sacha Sperling Bernard Werber Christian Jacq Milan Kundera
ce qu'on sut en revanche
c'est que le seul objet en papier qui fut retrouvé intact après l'incendie
était
un recueil de poésie
édité
à 200 exemplaires
en
1972
16:00 Publié dans Bouts de peau | Tags : attentat, musso, levy, kundera, poésie, métro | Lien permanent | Commentaires (0)
06/03/2013
Monde
Pourquoi tu fais tout ça, dis
Pourquoi tu t'obstines —
Est-ce que c'est pour que ce monde existe
Et qu'il ait raison d'exister
Mais pourquoi ce monde alors
Pourquoi lui et pas un autre
Qu'est-ce que tu lui trouves
Est-ce qu'il a les yeux bleus
Est-ce qu'il a des gros seins
Ou alors
Tu lui aurais prêté cent balles un soir de faiblesse — et tu en as la nostalgie
De tes cent balles
Regarde le travail
Admire la casse
Tu l'aimes vraiment ta petite dévaluation
Tu la prends dans tes bras tu lui dis
Je t'aime ne t'en fais pas je reste ici je te caresse les cheveux
Tu l'appelles Ma Vie tu dis je dois la vivre tu dis
Pas qu'elle soit particulièrement brillante dans les vernissages
Mais je n'en ai pas d'autre
Est-ce que c'est des arguments
Ça
11:01 Publié dans Conneries | Tags : monde, holland house library, destruction, exister | Lien permanent | Commentaires (0)
03/03/2013
Peinture
Et puis j'ai aussi eu ma phase peintre.
Peintre en poitrines et en jarrets uniquement, mais peintre très consciencieux.
Je me suis cherché longtemps. J'ai commencé à peindre au couteau.Et puis ça m'a lassé. Je me suis tourné alors vers la lance à incendie. Mais j'ai assez rapidement flairé la cucuterie inhérente à cette technique et j'ai aussi laissé tomber.
Je me suis alors tourné vers la peinture au lasso, au pic à glace, au divan, au mercure liquide et au pollen, sans jamais arriver à maîtriser totalement mon sujet.
J'ai même poussé la prétention jusqu'à peindre à la Kalachnikov vers la toute fin des années 90.
Quel manque de sens de l'histoire de l'art, n'est-ce pas ?
Cela faisait déjà vingt ans que plus personne ne peignait au napalm.
Voilà comment on apprend qu'à un certain âge on n'est génial qu'à force d'inculture.
Les éditeurs et directeurs de galeries qui ne se faisaient pas prier pour me l'expliquer ont ma plus profonde reconnaissance, maintenant. Mais à l'époque, je me vexais vite. J'avais tendance à les passer au broyeur automatique et à les éclater façon expressionnisme abstrait.
Et je retournais peindre au couteau.
Rien ne vaut les techniques traditionnelles - les plus héroïques parmi mes ancêtres n'avaient-ils pas fait fortune en peignant à la teub? - , mais arriva le jour où j'en a eu vraiment ma claque.
Trop salissant, la peinture.
Trop contraignant en termes de matériel et de décors.
Alors maintenant j'écris, voilà.
11:09 Publié dans Bouts de peau | Tags : peinture, napalm, kalachnikov, couteau, histoire de l'art | Lien permanent | Commentaires (0)