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17/08/2020

Afriques

J'ai élevé cet enfant avec tout mon amour, mon temps, mon énergie.

Il n'a pas été très compliqué de le faire grandir dans un monde extraordinaire : au parc, par exemple, chaque fois que nous voyions une limace, je lui disais : girafe

"Ki'ya", il répondait. Et il était bien content.

Quand nous croisions une coquille d'escargot vide, séchée par le vent et le soleil, je disais : hippopotame.

Et pour un pinson qui nous survolait : crocodile.

"Coco'il", il répondait.

Et ainsi de suite. 

Au cours de nos voyages, il connut la gazelle, l'ibis idiot et hiératique, le zèbre. Il contourna le sourire des hyènes sans se faire remarquer, s'amusa du phacochère, faillit caresser le scorpion. Et il scruta les oiseaux charognards, qui sont partout ce qu'ils sont.

Ainsi fut-il habitué dès son plus jeune âge à survivre dans la rude savane - un jour, longtemps après, je lui apprendrais à appeler démocratie un consortium de lobbies financiers jouant aux marionnettes et liberté un grand choix de chili con carne dans un magasin de centre-ville.

En attendant, mon enseignement lui serait d'une utilité immédiate - entre les petits auxquels il se mélangeait au parc et la race fière et menaçante qu'il allait connaître à son entrée en maternelle, dans même pas deux mois, il aurait vite à apprendre à se débrouiller dans l'infinité sauvage.

 

06:25 Publié dans Exotisme | Lien permanent | Commentaires (0)

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