29/09/2017
minable (comme faire pleurer trente mille personnes avec des produits chimiques)
ne vous inquiétez pas j’ai
renoncé à prendre le pouvoir – c’est
vulgaire, c’est bas, c’est banalement à la mode
c’est donné au premier premier de la classe venu
je ne suis pas le premier premier
je suis vers les huit ou neuvièmes
mais avec une façon de l’être
qui n’appartient qu’à mois – quoi qu’il en soit :
rassurez-vous
rassurez-vous j’ai fait un point sur mes frustrations
j’ai analysé mes carences
fait le tri dans mes décharges hormonales
je ne me fais pas avoir, moi
ni par la déferlante du désir collectif de ma personne
ni par l’absolu de l’absurde qui immanquablement nous conduit à
donc : je ne serai pas votre président
je ne serait pas votre dictateur à vie
je ne serait pas le chef du gouvernement
ni président de l’assemblée nationale
ni rapporteur des commissions
sur le transport ferroviaire
pas que je ne pense pas moi aussi comme tout le monde
détenir la vérité
ultime
(comme on en gicle au bas d’un article sur la
gestation pour autrui)
mais voyez-vous
j’ai passé l’âge de me déguiser
je n’ai aucune envie de serrer les mains de gros beaufs
capables de se faire voler des Rolex
par lots de deux
je n’ai aucune envie de fouiller le fond de vos viandes
au burin, à la matraque, à la vidéoprotection
ça ne m’amuse plus d’être le personnage central
de vos rêves érotiques
ou de vos rêves
de meurtre
allons
serrez les dents
souquez
vous verrez que vous y arriverez tous seuls
mon psychanalyste est d’accord avec moi
il a fait le nécessaire
il a accompli les rites
il a brûlé l’encens
dansé au son du tambour
et aujourd’hui je fuis
(du moins pour le moment)
beaucoup moins qu’auparavant
j’ai ma rustine
j'aime ma rustine et elle tient bon
et je sais que c’est
minable de faire pleurer trente mille personnes
avec du gaz lacrymogène
quand on peut briguer le respect de cinquante personnes
vraiment amoureuses de la littérature –
et même si je dois à plafonner à neuf cents euros par moi
même si mes sept épouses mettent leurs coupons de réduction Yves Rocher
sous leur pull même à l’intérieur pour s’isoler du froid
même si mes douze enfants n’auront jamais de poney
je ne prononcerai pas mes vœux à vingt heures pétantes sur les chaînes publiques
c’est trop facile
c’est trop commun
c’est
c’est
15:33 Publié dans Gueules de bois | Tags : pouvoir, hormones, voeux du président | Lien permanent | Commentaires (0)
24/09/2017
Nos vies cachées (les braves comprendront)
(et)
bien sûr
nous avons
un Myspace
caché
datant
de notre période
glam
rock.
-et-
c'est
ainsi
que nous sommes
vieux.
09:18 Publié dans Gueules de bois | Tags : vieillir, myspace, être vieux | Lien permanent | Commentaires (0)
21/09/2017
Ce que je fous, là maintenant II
Comment dire un roman qui serait comme un film de Pierre Salvadori...
Comment dire un roman qui serait comme un film de Chatiliez...
Un roman qui serait un roman du terroir mais pas pour les vieux...
Un roman qui serait un western mais pas pour les mecs qui en ont...
Un roman qui serait comme le film Les Grades gueules de Robert Enrico, mais moins viril que Bourvil...
Un roman qui serait comme un roman américain mais alors franchouillard...
Un roman qui rendrait au rut des cigales leur importance centrale dans la sensibilité et la littérature contemporaines...
Qui sont la même chose...
Un roman qui serait comme une raison de kiffer être une ville de province de deux mille habitants...
Une histoire de ploucs...
Une histoire d'anis...
De solides mères de famille, cheveux courts, décolorés...
Leur prénom en idéogrammes chinois tatoué sur les reins...
Canapé en cuir...
Lotissement aux maisons crépies toutes pareilles, kilos jamais perdus après la naissance du deuxième...
Et pourtant un vieux reste de romantisme...
Des prérogatives à jour sur la queue du Don Juan local...
Lui aussi a pris du bide...
Mais il a toujours ses beaux yeux...
Une histoire de tout ça, de tout ça...
Plus la dignité, aussi tiré par les cheveux que ça puisse paraître...
Le label Ville Fleurie, l'infime variante locale dans la préparation du gratin de ravioles...
Tout ça, tout ça...
10:17 Publié dans Gros Truc en Prose (GTP), Livre | Lien permanent | Commentaires (2)